Multisolution de la polycrise
Le Forum économique mondial utilise le terme "polycrise" pour décrire "un ensemble de risques mondiaux liés entre eux et dont les effets s'additionnent, de sorte que l'impact global dépasse la somme de chaque partie".
Les villes canadiennes sont confrontées à une polycrise urbaine à l'échelle locale en raison de la crise climatique, de la crise du logement, de la crise des opioïdes, du coût de la vie, de l'accroissement des inégalités, de la polarisation, du racisme systémique et de la montée en flèche des coûts d'infrastructure et d'adaptation au climat. Dans les mois et les décennies à venir, l'élaboration des politiques municipales devra apporter des solutions multiples à la polycrise, ce qui signifie que les politiques municipales doivent municipales doivent s'attaquer à plus d'un problème. Il s'agit d'une approche efficace, fiscalement prudente et inspirante.
Les villes citent souvent le manque de ressources et l'inadéquation de l'autorité comme des obstacles majeurs à l'adoption de mesures pour faire face à ces crises qui se recoupent et s'aggravent. Cela ne changera pas à court terme. Et à l'heure actuelle, compte tenu de la situation désastreuse décrite dans le le récent rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le court terme est tout ce dont nous disposons.
Dès lors, comment les dirigeants municipaux peuvent-ils trouver des solutions multiples avec des pouvoirs et des ressources limités ?
Premièrement : utiliser leur pouvoir extraordinaire de convocation. Lorsque le maire convoque une réunion, il est fort probable que les personnes invitées y assistent. Les villes peuvent rassembler des personnes aux opinions diverses - et parfois contradictoires -, obtenir un engagement commun et prendre des mesures. Pendant la pandémie, ce pouvoir de rassemblement a fait des merveilles à Victoria, tant pour aider à résoudre le problème des sans-abri que pour aider à maintenir à flot nos entreprises locales.
Deuxièmement : oui, les villes doivent continuer à plaider auprès des gouvernements provinciaux et fédéral en faveur d'un financement prévisible et stable. Cependant, pour trouver des solutions multiples, les villes doivent également faire preuve de créativité, établir des partenariats inattendus et créer de nouveaux modèles financiers afin de rassembler les ressources financières nécessaires pour renouveler les infrastructures, réduire les émissions de gaz à effet de serre, s'adapter au changement climatique et améliorer le bien-être des habitants. Le Fonds d'investissement à impact municipal MaRS est un exemple émergent.
Troisièmement, les villes ne devraient pas trop s'inquiéter de l'autorité qu'elles n'ont pas, mais plutôt avoir le courage et la tolérance du risque de travailler aux limites de l'autorité qu'elles ont. Même si cette autorité est remise en question, elle peut conduire à des changements à grande échelle. Nous l'avons vu à Victoria lorsque la ville a adopté le premier règlement sur les sacs réutilisables au Canada. Cette mesure a donné lieu à de multiples recours devant les tribunaux, qui ont finalement conclu que la ville avait outrepassé ses pouvoirs. Mais toute cette épreuve a poussé les gouvernements provincial et fédéral à agir plus rapidement pour réduire les plastiques à usage unique.
Enfin, les villes ont besoin d'impliquer tout le monde.
Si nous soutenons les logements respectueux de l'environnement mais que seuls les riches peuvent se les offrir ;
Si nous avons des bureaux chargés de l'équité, de la diversité et de l'inclusion, mais que nous ne voyons pas de diversité et d'inclusion dans les postes de direction de l'administration municipale ;
Si nous avons des plans d'adaptation au climat qui ne tiennent pas compte des personnes sans domicile vivant dans des tentes ...
Dans ce cas, il se peut que nous ne soyons pas en train de faire de la multisolution.
- Lisa Helps