Les chiffres bruts: comment COVID-19 change nos relations à la maison, au travail et dans nos communautés

Par Kate Graham

Pour la plupart des Canadiens, l'épidémie de COVID-19 a entraîné un changement de mode de vie brusque et spectaculaire. Les professionnels dont les calendriers étaient autrefois remplis d'engagements de voyage, d'événements à plusieurs endroits par jour et de réunions interminables se retrouvent désormais ancrés chez eux. Les enfants manquent de leurs professeurs et de leurs camarades de classe tout en essayant de s'adapter à l'apprentissage à la maison. Les personnes âgées des maisons de retraite et de soins qui attendaient autrefois avec impatience les repas en commun et les visites de la famille sont maintenant isolées dans leur chambre. Les travailleurs de la santé, de première ligne et des services essentiels se retrouvent plus occupés que jamais face au stress et aux risques supplémentaires d'une pandémie.

Pour beaucoup d'entre nous, le changement a été profond.

Mais comment cela a-t-il affecté nos relations les uns avec les autres? Dans quelle mesure nous sentons-nous connectés avec nos familles, nos voisins et les endroits où nous vivons?

Un sondage auprès de 2100 Canadiens, mené pour le Institut urbain canadien par l'équipe de Laboratoires Vox Pop, constate que notre sens de la connexion les uns aux autres est en effet en train de changer.

Premièrement, pour de nombreux Canadiens, la dynamique familiale est en train de changer: 66 pour cent des répondants indiquent un changement dans la façon dont ils se sentent liés à leur famille à la suite du COVID-19. Deux sur cinq (39%) se sentent plus liés à leur famille, tandis qu'un sur quatre (27%) se sent moins connecté. Un répondant sur dix se sent beaucoup moins connecté.

En ce qui concerne la dynamique des quartiers et des communautés, les résultats sont intéressants - et assez mitigés. Lorsqu'on a demandé aux Canadiens à quel point ils se sentaient connectés à leur quartier pendant l'épidémie de COVID-19, 51% ont déclaré se sentir à peu près la même, 30% se sentent moins connectés et 19% se sentent plus connectés. Il y a plus de personnes (37%) qui se sentent moins connectées à leur ville que de personnes qui se sentent plus connectées (16%).

Fait intéressant, un groupe avec lequel nous nous sentons plus connectés est celui de nos élus. Les conférences de presse quotidiennes et les communications de crise très visibles expliquent au moins en partie pourquoi 33% des Canadiens se sentent plus connectés à leurs dirigeants politiques, alors que seuls 16% se sentent moins connectés.

Comment ces chiffres changeront-ils à mesure que cette pandémie se poursuivra - en particulier si la distance physique se poursuit pendant des semaines ou des mois à venir? Seul le temps le dira. Ce à quoi nous pouvons nous attendre, c'est que cette nouvelle dynamique relationnelle aura un impact sur ce à quoi ressemble la vie après le COVID-19 et sur la façon dont nous nous réinstallons dans une nouvelle normalité.

Même avant le COVID-19, nous vivions à une époque où plus de personnes vivent seules que jamais auparavant et où de nombreuses personnes se sentent seules, isolées et déconnectées. Les problèmes de santé mentale et les taux d'anxiété étaient déjà une préoccupation croissante dans les villes du Canada, et de nombreux experts prévoient que cela s'intensifiera en raison de la pandémie.

Bien que nous disions souvent que «nous sommes tous dans le même bateau» si nous émergeons en nous sentant plus séparés et moins connectés les uns aux autres, nous aurons du pain sur la planche pour construire des villes plus engagées, inclusives et connectées.

Dre Kate Graham est la directrice de la recherche à l'Institut urbain du Canada